FES : LES BOURGEOIS DE L'ISLAM
Ce récit nous en apprend autant sur son sujet que sur son époque d’écriture.
« Un véritable voyage dans le Fès des années 20, un plongeon dans les trois mille maisons ravissantes et les cinquante palais que comportait cette cité figée dans un rituel immuable qui allait durer des siècles. »
Auteurs : Jean et Jérome Tharaud
(bladinet)
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L'ouvrage, qui vient d'être réédité par les Editions Marsam, a le mérite de présenter une ville, de faire revivre une époque et de plonger le lecteur dans les fastes et les vestiges d'une vie au charme immuable. Il est à considérer avant tout comme un document. Un document qui n'en présente pas moins des relents d'un regard triomphal de l'époque colonialiste et qui, de ce fait, doit être restituer, dans le contexte de son élaboration. C'est une commande que Lyautey avait faite aux frères Tharaud dans le but de mieux faire connaître le Maroc aux Français. La série d'ouvrages que les deux frères avaient écrit a ainsi essayé de cerner la vie des Marocains au cours de cette période de notre histoire, "Fès ou les bourgeois de l'Islam" présente, de ce fait, des idées simplistes et des images stéréotypées sur l'Islam et les Musulmans. Les deux écrivains qui s'étaient contenté d'un bref séjour dans la capitale spirituelle et de quelques rencontres avec des autochtones avaient souligné, lors de la parution de leur ouvrage que "nous avons eu le plaisir de constater que le portrait que nous avons tracé du Fassi a semblé juste à la plupart des Français qui ont eu une longue expérience de l'autre". Ce que les deux auteurs ont omis de soulever, c'est que le Fassi ne s'est pas du tout reconnu dans le portrait qu'on a fait de lui et encore moins dans cette description faite de sa vie quotidienne, de son travail et de ses traditions. -- From http://www.maghress.com (June 1, 2012.).
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C'est une source d'informations inestimables en ce qui concerne une époque que nous, les petits enfants de cette génération de grands parents ayant vécu sous l'égide de la colonisation tout en tenant à leurs traditions et à leur mode de vie, ne connaissons pas . Le portrait du fassi dans ce livre semble relever d'un ensemble de détails que l'auteur recueille au fil de ses rencontres et de ces invitations qu'on lui offre dans ces demeures hautement bourgeoises de la médina profonde, portrait tissé de toutes pièces et qui ne peut pour autant refléter toute la réalité de ces hommes qui dissimulaient surement leurs intentions face à l'occupant. Autrement la description de tout un art de vivre chez ces familles de Fès et la démonstration de quelques pratiques de commerce et de marchandage relatif à ces citadins enracinés dans l'histoire d'une Andalousie florissante non seulement par son commerce mais aussi par toutes les sciences de ses savants philosophes, géographes, artistes et autres, reste tronquée, et bien limitée à un rythme de vie stagnant dans les faits et la pensée tel que l'insinue l'auteur.
Toutefois ce livre reste un document rare et un témoignage vivant qui nous permet de connaitre une période de notre histoire à travers un regard étranger.